Le temps d'avant

« From the outset, I was dazzled by the ability to capture the world, even if I kept wanting to be a painter. I photographed the sky, the glow of the setting sun through the trees, the faces of children, my brother Pierre. Faces and lights only. » — Bernard Faucon

J’avais 15 ans, 16 ans, 17 ans, je prenais un plaisir fou à faire mes diapositives couleur 6 x 6, à voir bouger le monde à la surface du dépoli, à contempler ensuite mes petits carrés transparents, empreintes brûlantes de ce que j’étais, de ce que j’aimais. Lueurs du couchant à travers les arbres, visages de Pierre, le petit frère, de Michel et des ancêtres tutélaires, courbure de notre colline, profil de notre maison... Les mots suivaient avec la même maladresse, le même entêtement, ce qui importait c’était de témoigner, d’urgence, comme si le monde m’avait attendu! […] Voici, surgies du fond des âges, dans leur lyrisme naïf et totalement vintage, ces illuminations d’un petit luberonien panthéiste, catholique, amoureux !