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FINALISTES PRIX NADAR 2021
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La guerre de Bosnie s’est achevée il y a 25 ans et le pays semble plongé dans une léthargie où chacun erre dans son époque et dans ses croyances. Les morts et les vivants, les Bosniaques, les Serbes et les Croates, les vétérans du conflit et la jeunesse née dans ses décombres. La Bosnie ravive les vieux démons, joue avec le feu. Ce n’est plus la guerre, ce n’est pas la paix.
Comment traduire en photographie le sentiment étrange d’un temps qui n’en finit pas de mourir, la violence sourde qui traverse le pays ? Comment convoquer les fantômes qui se tiennent dans le fond des images ?
En ce sens, ce travail est un état du temps, plus qu’un état des lieux. Les Bords réels est à l’image de la Bosnie aujourd’hui : fragmentaire, fantomatique, déboussolée, vibrante et chaotique à la fois. Le photographe prend les corps pour témoins. Les gestes et les postures traduisent la manière dont le pays se tient, révèlent l’éclatement en myriade de communautés et de croyances, comme après une déflagration.
En investissant ce territoire évanescent, ce sont les limites même de sa pratique – la photographie documentaire – qu’Adrien Selbert défie ici.
Extrait du texte d’Adrien Selbert
« Un pays peut-il perdre connaissance?
C’est la première question qu’il m’avait posée.
Il me disait :
On a encerclé le pays de mots pour donner un sens à sa guerre. On a dit « fratricide », on a dit « de religion », on a dit « ethnique ».
Des mots ultimes lancés comme des grenades pour cerner les contours d’un conflit dont on ne comprenait rien.
Pour ne pas s’emmêler dans le nom de son peuple, de ses religions et de sa langue, on a emballé le tout dans une formule simple et terrifiante : « Aux portes de l’Europe ».
On parlait alors de siège, de massacre et bientôt de génocide.
Il me disait :
Après quatre années d’horreur, on a coupé le pays en deux. Et pour purger les dernières ardeurs, on a fait signer « Les Accords » comme on saigne une entaille dans le corps du pays.
Alors les balles ont fini de siffler, les caméras se sont éteintes et chacun est rentré chez soi.