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Yves Trémorin, au cours d’une résidence d’artiste de plusieurs mois au Mexique, s’est donné pour objectif de rendre compte de ce qui caractérise ce pays tant d’un point de vue culturel, historique que mythologique. Avec ses moyens d’artistes, il rapporte du voyage mexicain un fascinant ensemble d’images tel un ethnologue d’un genre un peu particulier. Son habitude d’extraire par la photographie un objet ou un portrait, de constituer, en quelque sorte, une collection servant l’étude qu’il s’est fixée, prend ici tout son sens. Isolant comme à l’accoutumée ses sujets, ici sur un fond souvent noir, il joue sur la position de l’explorateur occidental partant dans un pays lointain pour en ramener au gré de ses dérives, objets et images qui deviendront comme les reliques muséales nécessaires à la compréhension d’une civilisation aux codes différents des nôtres. Le jeu est d’autant plus fort qu’au regard de ces photographies, se dresse effectivement un véritable portrait du Mexique. Celui-ci se constitue à travers la spécificité des corps de ses habitants et des représentations de figures symboliques qu’il retrouve dans ses images d’animaux ou d’objets et qu’il transpose dans le champ de l’art contemporain. Nus ou portraits à la gestuelle inhabituelle semblent se référer au seul domaine de la performance alors qu’ils reprennent un langage des signes explicitement lié à des représentations enfouies dans la mythologie collective. Une photographie époustouflante d’un chien noir peut se référer à la figure du Ahuitzotl, un dos tatoué au Quetzalcóatl — le célèbre serpent à plumes —, un crapaud photographié frontalement au fond d’une grotte à la déesse Tlaltecuhtli, un lapin stylisé sur un objet d’un kitsch assumé au jour du lapin Tochtli et à sa protectrice Mayahuel, déesse de l’agave et de la fertilité. Les images mexicaines d’Yves Trémorin évitent tout effet photographique pour se concentrer sur (et concentrer) le sujet.
Ce qui est montré n’est jamais anodin, jamais fortuit : plusieurs strates de lecture sont à découvrir derrière la simplicité apparente des images qui pourraient, au premier regard, être considérées comme un catalogue factuel de personnes, d’animaux ou d’objets plus ou moins exotiques. Outre les références à une culture aux mythologies anciennes, au rapport particulier d’un peuple avec la mort, aux jeux de langages, le travail mexicain de Trémorin n’oublie pas que ce pays a accueilli de grands artistes. Et à travers ces images, se retrouvent aussi d’autres mythologies, plus photographiques celles-ci, que sont devenus les chefs-d’œuvre réalisés par un Edward Weston ou un Manuel Alvarez Bravo.